En abrégé SR dans le jargon de la profession, le travail du secrétaire de rédaction se déroule essentiellement entre le moment où le rédacteur rend le premier jet de son article et celui où ce texte retravaillé est transmis au maquettiste, et entre le moment où la page est grossièrement maquettée et celui où elle est transmise au fabricant, parfaitement calée à la ligne et même au signe près. C'est également un secrétaire de rédaction (de préférence un autre que celui qui a travaillé sur les étapes précédentes) qui relit et valide définitivement la page supposée achevée avant de signer le "bon à tirer" qui va déclencher l'impression du journal.
Pour faire comprendre son rôle, Albert Camus engagé comme secrétaire de rédaction à Paris soir en 1940, avait coutume de dire que "l'enquêteur rédige l'article brut tandis que le secrétaire de rédaction rédige la page imprimée". En effet, à la différence des journalistes de terrain (qu'on appelle couramment des rédacteurs, mais qu'il serait préférable dans ce contexte d'appeler des enquêteurs, le SR étant lui-même un rédacteur), la mission du SR ne consiste pas à récolter l'information et à la rédiger sous forme d'un article, mais à la rendre lisible, compréhensible, attrayante, complète et à lui donner l'importance qu'elle mérite.
C'est en particulier son rôle, la rédaction de la plupart des hors-textes : surtitres, titres, accroches, chapeaux, exergues, relances, légendes, notes et aussi encadrés. Autrement dit, "les textes les plus brefs, mais aussi ceux qui attirent le plus le regard d'un lecteur qui feuillette le journal", selon Charles Baudelaire qui a assuré la fonction de SR à la Tribune nationale, journal républicain modéré en 1848.
C'est le SR qui se charge aussi de couper les articles trop longs pour tenir dans l'espace qui a été défini, voire de les rallonger pour des raisons diverses et éventuellement d'extraire des éléments de l'article pour les transformer en encadré. Le SR est des fois amené à changer la formulation d'une phrase ou à réordonner les paragraphes du texte pour des raisons de mise en page que le rédacteur de l'article ne pouvait pas connaître (par exemple, pour éviter une disposition disgracieuse des lignes sur la page).
Le secrétaire de rédaction veille à la qualité de la rédaction de l'article et est à ce titre couramment amené à corriger des fautes d'orthographe, de style et de grammaire mais ce n'est pas l'aspect principal de son métier. Cet aspect étant assuré par d'autres "hommes de l'ombre" que sont les correcteurs.
Le SR doit réagir rapidement aux évolutions du "chemin de fer" ou "conducteur" (le tableau qui détaille l'emplacement des pages) et aux implantations de publicité, et adapter sa page en fonction de toutes sortes de modification.
Il est amené donc à prendre des décisions en matière de mise en pages et de choix de l'iconographie (photos, schémas, dessins), même si l'évolution actuelle du métier tend à lui faire perdre ce rôle au profit d'autres qui sont spécialisés.
Comme tout journaliste, le SR est responsable de la validité de l'information diffusée et est couramment amené à en vérifier l'exactitude dès qu'il craint que ce travail n'a pas été fait de façon suffisamment pertinente ou complète par les rédacteurs des articles (qui en sont les premiers responsables).
En tant que relecteur de l'article et premier lecteur du journal, le SR doit se poser toutes les questions que se poseront les lecteurs et surtout trouver la réponse à toutes celles que le lecteur ne doit pas se poser (imprécisions, incohérences, invraisemblances, etc.). En tant que dernier journaliste à intervenir sur le journal, le SR assume une lourde responsabilité : c'est lui qui essuiera les reproches de la direction si un titre ou une photo ne correspond pas à un article, ou si une légende-photo contient le nom d'une autre personnalité que celle qui est représentée.
Essentiel au bon fonctionnement d'un journal, le secrétaire de rédaction doit être parmi les journalistes au bas de la hiérarchie, l'un des plus correctement payés. En Europe, par exemple, il est payé rarement en-dessous de 1 800 euros par mois, parfois au-delà de 3 000 euros en fonction de la périodicité et de la localisation du journal.
"Il n'est pas question que l'on distribue des indemnités à des gens comme ça", telle a été la réplique d'un journaliste-représentant le personnel d'un quotidien à un patron de presse qui voulait légitimement revaloriser financièrement une fonction, celle de secrétaire de rédaction au sein de son journal.
Comparaison n'est pas raison, mais en Afrique et particulièrement au Burkina Faso, que faut-il distribuer "à des gens comme ça"? Excellente question ! Nous ne saurons y répondre. Quand bien même, secrétaire de rédaction et fier de l'être dans un quotidien national d'Etat. C'est en effet un honneur à nous fait, que d'assumer une telle fonction dans le "journal de tous les Burkinabè". Mais une dernière chose. Voulant faire saisir l'essence et l'importance de cette fonction et les responsabilités et capacités qu'elle requiert, nous aurions pu parler aussi des conditions de travail (heures de services (tardives et imprécises) ; brimades et insultes même de la part de ceux qui s'estiment "vrais journalistes" Nous avons préféré mettre l'accent sur le travail de SR et non sur les aspects liés à l'organisation du travail.
Aux questions qui t'a dit de couper le texte ? Venant d'un vrai journaliste ; Mme vous êtes gardienne ? d'une vosine à une Dame SR ; y a-t-il une différence entre un monteur et un SR ? de la part d'un Directeur Général . A ces questions que répondre ? Sinon reprendre avec le président du Conseil d'administration d'une entreprise de presse, qui conseille aux responsables qu'il faut affecter les nouveaux au secrétariat de rédaction. Comme eux ils ne sont pas habitués au "gombo".
Tabyam Abdoul Salam OUEDRAOGO
tabyam@hotmail.com