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mercredi 25 juin 2008

Le 26 juin: Journée antidrogue.

IL y avait Ouagadougou avec sa célèbre avenue : l’Avenue Kwamé N’Krumah où la drogue et les stupéfiants commencent à circuler la nuit. Dans des sacs de filles de joie, du fond de la poche d’un dealer ou dans les coffres de voitures luxueuses. Kwamé N’Krumah était un peu l’avenue Jonkey à Cotonou au Bénin ou la rue princesse à Abidjan en côte d’ivoire. Les trafiquants utilisent les filles de joies pour voiler leur trafic derrière un autre trafic, cette fois humain : la prostitution. De nos jours, avec le phénomène « Couper Décaler » et l’ouverture des maquis réputés dans ce genre musical, la plus belle avenue de Ouagadougou a perdu son monopole d’antan. On observe que les dealers ont adopté les animateurs (Disques Jockeys) de ces maquis comme relais préférés et ces lieux -temples- des réjouissances sont devenus presque des paradis pour les revendeurs. Le plus inquiétant est qu’à y voir de près c’est tout le territoire national qui se trouve envahie et déstabilisé par des substances psychotropes, des faux stimulants et autres faux médicaments de la rue. Des 45 provinces du Pays aucune n’échappe à ce péril. Il faut signaler la libre circulation des remèdes sous dosés que des infirmiers conseillent au nom d’un principe noble et reconnu en médecine : le phénomène de résistance. Ces crétins prétendent que ce qui est vendu dans la rue est « bon » à condition de prendre des doses de plus en plus élevées.
La toxicomanie la plus répandue au faso reste ce mélange explosif fait d’alcool et de comprimés (amphétamines, barbituriques ) destiné à accroître les capacités physiques. Journaliers, travailleurs physiques, fonctionnaires angoissés, chauffeurs routiers où de taxis, élèves et étudiants en période d’examens, paysans en partance aux champs ; ils sont nombreux à consommer ces stimulants nocifs. Dès qu’il y’ a accoutumance les doses se multiplient. Les populations estiment que « si un comprimé leur fait du bien » avec trois « c’est encore mieux ». Une automédication primaire qui est difficile à combattre dans un pays où les dépenses de santé ne sont pas prises en charge.
La drogue et l’alcool ‘‘ces maux qui font du bien’’ mettent à rude épreuve l’aptitude de la société burkinabè à résoudre le mal être qu’elle engendre autrement que par l’intolérance et l’indifférence. Inaction, frustration, anxiété, isolement, recherche du plaisir, carences affectives , manque d’autorité parentale(séparation des couples ) et étatique. Les raisons d’aller à la drogue ne manquent pas. Dans ce contexte de la recherche d’un monde halluciné qui attire et fascine, les perspectives d’enrichissement facile et rapide fond que ce trafic est devenu une activité florissante.
La drogue ne frappe pourtant pas au hasard. En effet le pays des hommes intègres n’a jamais été aussi vulnérable à la toxicomanie. Après plus d’une décennie de mise en œuvre du programme d’ajustement structurel, la pauvreté persiste, l’activité industrielle recule et le chômage augmente de jour en jour pendant que l’endettement du pays semble se pérenniser. On assiste à l’effondrement du prix du coton et à la hausse de celui du pétrole. Sans oublier ces derniers temps qui dures et qui sont dures à causes de la hausse vertigineuse des prix de denrées de première nécessité. Riz, mais, mil, lait . Ouagadougou la capitale se gonfle avec son lot de misère, d’ennui et de violence. Bobo Dioulasso la seconde ville , appelée à tord capitale économique réclame de la part des autorités plus d’égards. Quel terrain peut être plus fertile à la drogue que ce pays en proie à l’exode rurale, à la régression du tissu social et du contrôle familial à mesure que progresse le désœuvrement ? La jeunesse même diplômée n’a plus de travail en dehors du chômage. Elle se met à croire en des valeurs malpropres.
Il y’a partout corruption, crimes de sang -pas seulement politiques-. Et cette insécurité qui pollue l’environnement et règne en maître sur nos routes.
Officiellement la lutte anti- drogue paraît comme un souci majeur des gouvernements qui se sont succédés depuis . Or que constate –on ? Il faut un coup de malchance ou être lâché par les siens pour tomber dans les filets des agents de police ou de gendarmerie au Burkina Faso. On fume des joints à moins de cinquante mètres de nos commissariats. Aux alentours des salles de cinéma (tampouy , wemtenga) des repris de justices vendent ces drogues et ces médicaments de la rue. N’importe quel nouveau venu du village fait de ce commerce-terme non adapté- sa première activité. La lutte anti-drogue au Faso ressemble fort à une plaisanterie malsaine qui ferrait rire si on ne pensait pas aux nombreuses victimes . C’est pourquoi, on est enclin à ne voir que connivence et à douter de la volonté des autorités d’enrayer ce mal . La société elle même reste inconsciemment latente face à ce défit. Déjà en 1990 une enquête du Dr Christan BRULE révélait qu’au Burkina sur 37 élèves de la classe de 5ème (12 à 14 ans) , 27 enfants avaient déjà fait l’expérience de la drogue et 90 enfants de la rue sur 100 absorbaient des amphétamines ou inhalaient de la colle. Il faudra que les autorités intensifient la lutte contre la drogue , les stupéfiants et l’alcool, sinon le Faso de demain risque d’être dangereux pour tous. Il y va de l’avenir des cinquante pour cent de notre population qui s’avère avoir moins de trente cinq ans mais aussi de celui de toute une nation qui n’aspire qu’à vivre dans un environnement sain.
Au Burkina on fume , on consomme et on pratique un autre crime et pas des moindres :le blanchissement de l’argent . L’argent sale circule en toute impunité . Une espèce d’économie souterraine s’est mise en place . Une économie mafieuse où se mélangent la narco- monnaie , le crime, la prostitution et le blanchiment d’argent sale dans le bâtiment, ou par le rachat des tickets gagnants du Pari Mutuel Urbain et / ou l’ouverture de lieux de divertissement appelés maquis . La meilleure façon de blanchir de l’argent gagné illicitement est d’ouvrir un débit de boissons. La manière la plus simple, c’est de racheter un ticket gagnant de PMU’B et on se retrouve avec de l’argent propre justifier par la signature des responsables de la nationale des jeux du hasard ( LONAB) qui sont au même titre que les autorités les dupes de cet arnaque.
IL y a quelques années nous écrivions dans un de nos écrits que les drogues circulent au Burkina dans des conditions de sécurité quasi absolues. Ce trafic présente toutes les caractéristiques du crime organisé transnational. Il est transfrontalier, requiert la participation de plusieurs groupes et implique plusieurs nationalités. Depuis le Mali, le Ghana, le Nigeria (via le Bénin) la drogue fait l’objet d’une ventilation avec le concours des routiers et de divers fraudeurs . faut-il vous répéter cela en cette journée du 26 juin? Surtout que avec la crise ivoirienne c’est la voie royale Bouaké-Ouagadougou en provenance de Monrovia qui est privilégiée et presque sûre.